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l'intérêt de cette synthèse réside pour moi essentiellement dans l'étude de la méthode utilisée par les chercheurs : on constate combien l'hypothèse (pour ne pas dire le postulat) de base va orienter la recherche et influer sur les résultats. Les hypothèses semblent, historiquement, tributaires des tendances culturelles "à la mode" dans le groupe des chercheurs. Ainsi à des moments différents de l'histoire de leur société, les chercheurs constatent que les relations entre les singes:

  • sont purement liées au sexe
  • sont dominées par l'agressivité, qui fonde elle-même la dominance
  • sont marquées par un symbolisme qui les rapprocherait des relations humaines
  • sont dominées non par "le plus fort" mais par le plus offrand en gestes d'apaisement et en diplomatie (cette hypothèse va être reprise plus tard dans les observations de groupes d'enfants humains faites par H.Montagner dans les crèches: Il disitnguera le "leader", choisi par les autres du fait de son charisme, du dominant, craint pour sa force, mais combattu à cause d'elle, et risquant se retrouver en dominé)

je vous invite à cultiver ce type d'approche critique, qui vous sera très utile pour votre propre méthodologie.

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Les groupes de primates sont stables toute l’année et ne semblent pas varier en fonction de la reproduction. D’où la qualification de « sociétés ».

Ces animaux étaient-ils des hommes sauvages ou des êtres intermédiaires entre l’homme et l’animal ?

Carpenter commence par étudier la dominance, qu’il suspecte d’être le « principal agent de cohésion » des sociétés de primates.

Un individu est dit dominant sur un autre lorsqu’il a la priorité dans l’accès à la nourriture et aux partenaires pour la reproduction, et lorsqu’il lui est supérieur en agressivité et dans le contrôle du groupe.

Carpenter découvre également qu’ils sont organisés selon un ordre de dominance linéaire. Ces mesures quantitatives lui permettent également d’établir un gradient de dominance : le male alpha est cinq fois plus dominant que le deuxième, six fois plus que le troisième, et près de cinquante fois plus que le dernier.

Ces gradients de dominance diffèrent d’une espèce à l’autre. Ces différences de gradients indiquent que le comportement de dominance affecte l’organisation sociale d’une espèce et débouche sur une hiérarchie de males qui constitue l’axe autour duquel s’organise la vie sociale du groupe. Les sociétés de primates sont patriarcales.

Les primatologues se sont appercus qu’il est possible de banaliser pour un groupe de singes la présence de l’observateur, de suivre les animaux de près dans tous leurs déplacement, d’apprendre à reconnaître chaque individu et de pénétrer ainsi dans l’intimité sociale du groupe.

Les primatologues eux-même semblent parfois penser que les femmes ont une capacité d’empathie qui leur procure un avantage sur leurs collègues masculins, en particulier pour le travail d’habituation.

L’empathie est assurément nécessaire pour pénétrer le système de communication d’une espèce étrangère. Il faut s’impliquer personnellement et émotionnellement dans le travail d’habituation, et le primatologue développe, qu’il le veuille ou non, une relation fondée sur la familiarité et la confiance réciproque qui ne peut que l’affecter.

Ce qui « tient » les individus ensemble est alors l’intérêt qu’ils ont à coopérer Ainsi le groupe n’est-il plus conçu selon le modèle d’une structure invariante et typique de l’espèce, mais comme le résultat toujours provisoire des stratégies adaptées parles individus pour répondre à des contraintes écologiques et démographiques.

Le « langage » des animaux est au niveau de notre langage « émotionnel ».(Tinbergen)

Le signal animal traduirait en premier lieu l’état physiologique de l’animal qui le produit. En ce sens, la communication animale reste en deçà de la communication humaine, dans laquelle a émergé une dimension référentielle, à savoir des signes arbitraires purement conventionnels qui peuvent être substitués, même hors contexte, à des objets ou à des actions qu’ils représentent.

L’anthropologue Grégory Bateson, résumait cet état de fait en distinguant dans les interactions humaines cet état de fait en distinguant dans les interactions humaines d’une part une communication non verbale qui fixe la « nature » des relations et, d’autre part, un « contenu » d’information verbalisée ou exprimée via tout autre langage symbolique résultant d’une convention. Ex. pleurs variés d’un nouveau-né n’exprimant que la « nature » de la relation de l’enfant à une personne, à un objet, à une situation (un état de dépendance, de besoin), il faut d’autres source d’information que les seuls pleurs pour donner à ceux-ci un plein sens.

Les signaux des animaux ne sont pas interchangeables. Ils sont dictés par l’environnement

Langages universels

Il existe un rapport souvent étroit entre la forme d’un signal animal et les circonstances physiologiques de sa production, par les effets de l’excitation, de la tension musculaire… contrairement à ce qu’il en est de nos mots et de nos phrases, mais pas de nos gestes.

D’après Nicholas E. Collias puis Eugène S.Morton, les vocalisations produites lors d’interactions amicales ou de dépendances (chez les oiseaux) présentent des fréquences moyennes ou élevées, tandis que les vocalisations qui accompagnent des comportements tels que la menace sont de fréquences relativement plus basses.

Des messages plus subtils

Grégory Bateson a mis en lumière un type particulier de signalisation portant sur un comportement en cours, pour le décharger de sa fonction première : ainsi une parade de menace ou d’attaque frappée d’exagération indique-t-elle qu’il s’agit d’un jeu, ce qu’on peut observer chez les mammifères.

Bateson a introduit à cette occasion le concept de méta communication, en d’autres termes « la communication sur la communication ».

On doit à Peter Marler d’avoir introduit l’idée qu’un signal, quelle que soit la situation, sert fondamentalement une même fonction, très générale : régler la distance entre les individus, les rapprocher ou les éloigner les uns des autres selon que les nécessités du moment sont à l'association, à la coopération ou au contraire à la compétition.

Territoires et hiérarchies sont ainsi l’évidence présente d’interactions passées : un signal n’aura pas la même valeur ni les mêmes conséquences selon qu’il est produit en deçà ou au-delà des limites du territoire du récepteur, ou selon qu’il émane d’un congénère dominant, subordonné ou de même statut.

La manipulation comme art de la survie

Le recentrement de l’éthologie sur l’idée que tout comportement sert les seuls intérêts de l’individu a mené à cette conception que « si de l’information est partagée, il est probable qu’il s’agit de fausse information » et que la communication, naturellement, tend à être manipulatrice. Ex : grillons, coléoptères squattent les fourmilières en adoptant l’odeur de la colonie.