Relation d'aide, psychothérapie institutionnelle et éducation
Par Jojaba, dimanche 15 février 2009 à 14:18 :: #36
Relation d'aide, psychothérapie institutionnelle et éducation, basées sur la médiation animale : les fondements.
Nous entendons souvent dire à nos collègues éducateurs "qu'ils ne font pas de thérapie", et cela crée fréquemment une gêne entre nous. Pour essayer de la lever, ce petit texte qui aimerait dire sur quoi se fonde la psychothérapie institutionnelle dans un cadre centré sur l'animal.
Le principe de toute psychothérapie
- Permettre la découverte, par le sujet, des désirs et pulsions enfouis au plus profond de son être, et favoriser l'expression des émotions qui y sont liées.
- Permettre la canalisation de ces énergies psychiques, comparables à un torrent tumultueux, dans les conduites de la civilisation humaine.
Le contexte
Dans les psychothérapies traditionnelles :
Le travail se fait dans un espace et dans un temps déterminés.Ceci, ajouté à une règle de secret absolu , met le psychothérapeute dans un état d'isolement de tout l'environnement habituel du sujet.Le thérapeute se place volontairement à l'extérieur de la réalité quotidienne du sujet.
La psychothérapie institutionnelle lance un défi à la pratique traditionnelle :
Le thérapeute est plongé dans le quotidien du sujet
Mieux encore : l'hypothèse que "tout peut être thérapeutique à un moment donné" met tout être côtoyant le sujet dans une position de thérapeute! Au lieu de réduire la psychothérapie à des limites de temps, d'espace et de personnes, on l'élargit au contraire à tous les éléments de la vie du sujet.
Quelle différence entre ces éléments-là et un "thérapeute reconnu comme tel"?- Selon les circonstances, il peut n'y en avoir aucune:"ça" arrive, et voilà!
Cela suppose uniquement que le thérapeute ait rendu les circonstances aussi favorables que possible, qu'il ait crée un "espace thérapeutique" où les chances que quelque chose se passe soient plus importantes que dans la vie habituelle: Ainsi, chez Hopla, (notre terrain d'application) la rencontre hommes chevaux est favorisée par la disposition des lieux.L'expression des émotions en groupe est favorisée par une table ronde….et une convivialité… autour d'un repas par exemple.
- Par contre, le thérapeute, plus qu'un autre, a, de par sa formation, les moyens de saisir ce qui émerge soudain des désirs et des pulsions du sujet, et de permettre à celui-ci de s'y reconnaître , mais aussi et surtout de les orienter vers d'autres comportements que ceux qu'il utilise traditionnellement. De par son comportement propre, le thérapeute change la situation initiale qui avait crée chez le sujet un refoulement de ses affects.Dans la situation nouvelle, ce refoulement n'a plus lieu d'être, l'aspect positif des affects est reconnu, et ces derniers peuvent être utilisés pour le développement de la personnalité du sujet.
Encore faut-il que celui-ci consente à renoncer à ses réactions de défense et aux "bénéfices secondaires" qu'elles lui apportaient: il doit en faire le deuil de par l'expérience qu'il peut faire d'autres relations plus agréables pour lui.
Cela suppose qu'en premier lieu le sujet se sente intégré dans un groupe et soit en confiance avec les accompagnateurs.
Mais quelle formation de l'accompagnateur–thérapeute?
Même si des connaissances théoriques sont requises, celles-ci sont secondaires face à l'exigence d'une bonne connaissance de soi-même: Le thérapeute doit avoir fait le chemin qu'il propose au sujet de faire.Il doit s'être battu avec son propre refoulé, il doit être en mesure de le reconnaître dans ses réactions habituelles, et de les "stopper" en conséquence, ou d'en parler par la suite comme d'un avatar de sa part, et non de la part du sujet.Ce qui ne nécessite pas forcément de longues séances de divan…..les moments de "supervision" en groupe sont de plus en plus reconnus comme une nécessité pour les personnes ayant des tâches éducatives, et ces personnes elles-mêmes, une fois qu'elles y ont goûté, en éprouvent le besoin.
Chez " Hopla" cette supervision fait partie de la formation continue.
Rôle de l'animal : Un facilitateur de le relation sujet-accompagnateur.
Cela suppose d'office un investissement affectif des deux protagonistes dans cet animal : la sélection des personnes en présence passe par là.
Cet investissement jouera comme levier de la relation et motivation de la démarche :
Ce qui est vécu comme une contrainte inacceptable dans une relation d'homme à homme , peut devenir acceptable dans la sollicitude pour l'animal choisi.
Ainsi :
Je me révolte contre les règles "normatives" de temps, mais j'accepte d'être à l'heure auprès de l'animal pour le nourrir.
Je ne peux m'empêcher d'exprimer mon sentiment d'injustice en frappant l'homme qui l'a provoqué, mais même si l'animal , de par son comportement, a réveillé cette même émotion chez moi, je sais qu'il ne peut pas en avoir eu l'intention, et qu'il ne comprendrait pas que je le frappe: je commettrais à mon tours une injustice envers lui.Il faut donc que je maîtrise mon émotion première et que je réfléchisse à d'autres moyens.
C'est là le comportement de base de tout homme civilisé.Notons bien la différence avec une attitude de manipulation basée sur la recherche de son propre profit sur fond d'hostilité .Ici, le fond est au contraire l'affection.
Rôle de l'accompagnateur :
Pour permettre la médiation de l'animal, il a besoin de compétences techniques propres à rendre un partenariat efficient.
L'animal ne peut pas exprimer ses besoins par la parole: Il faut savoir l'observer, et savoir répondre.
Dans ce domaine, l'accompagnateur devient un model éducatif pour le sujet, mais aussi un partenaire dans la mesure où il permet au sujet de prendre part à ses propres recherches, ses propres remises en cause dans son attitude envers l'animal.
Cela n'implique pas seulement les soins, la compétence dans le maniement et l'éducation de l'animal, mais aussi, pour les hommes, les efforts quotidiens dans la maîtrise de soi, la discipline, le travail du corps, etc.
Pour les acquérir, le sujet est invité à entrer dans d'autres groupes (karaté, judo, cirque, théâtre…) qui ne sont pas en lien direct avec l'animal.
Et c'est ainsi que, pas à pas, on s'éloigne du médiateur initial qui, de réel, devient symbolique, et permettra ainsi à la personne de continuer un développement humain basé sur la relation symbolique dont le langage est l'expression la plus spécifique.
Voici, en succédané, le cheminement "accompagnateur-sujet" dans une psychothérapie institutionnelle fondée sur la médiation animale.
Nos collègues éducateurs s'y seront-ils reconnus? Je l'espèreMarguerite Weith - formatrice en thérapie avec le cheval.
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